Le réflexe de Moro : quand l’instinct de survie primaire vient agiter le nouveau-né !

Parfois, vous voyez votre bébé sursauter, étendre ses membres furtivement, se crisper et même pleurer avant de se détendre à nouveau…

C’est le réflexe de Moro qui est responsable de l’agitation passagère de votre nouveau-né. C’est parfaitement normal et même le signe d’un bon développement psychomoteur. Si vous êtes jeune parent, il est bien normal de ne pas le connaître , d’autant plus que les médecins ne prennent pas toujours le temps de l’expliquer à la maternité, là où se font les premiers tests.

Je vais donc de ce pas vous éclairer en vous expliquant tout sur le réflexe de Moro. Ses manifestations, son absence, mais aussi comment le limiter… décortiquons ensemble ce réflexe archaïque !

Réflexe de Moro, qu’est-ce que c’est ?

Le réflexe de Moro, également appelé « réflexe de sursaut » ou encore « réflexe d’embrassement », est un geste d‘automatisme normal chez les nouveau-nés. Il se manifeste en réponse à une sensation de chute, à un bruit fort et soudain ou encore à une perception de froid ou de chaud. Il doit son nom au pédiatre autrichien Ernst Moro (1874-1951) qui a été le premier à décrire et à expliquer ce réflexe du nouveau-né.

Le réflexe de Moro est considéré comme un mécanisme de survie qui aide les nouveau-nés et les nourrissons à réagir rapidement en cas de danger potentiel. Il est habituellement présent chez les bébés jusqu’à l’âge de 3 à 6 mois et disparaît progressivement à mesure que le nourrisson développe un meilleur contrôle de ses mouvements.

Comment se manifeste le réflexe de Moro ?

En observant votre bébé, vous n’aurez aucun mal à identifier les mouvements automatiques du réflexe de Moro, il se décompose ainsi :

• Le nouveau-né étend brusquement ses bras sur les côtés, en ouvrant les mains et en les tournant vers le haut.
• Il replie rapidement les coudes et rapproche ses mains du corps.
• Dans le même temps, les jambes s’étendent et les orteils fléchissent.
• Le bébé peut également tourner sa tête dans un sens ou dans l’autre, à l’opposé de là où il a perçu la stimulation.
• Parfois le nourrisson émet un petit cri ou se met à pleurer.
• Après quelques secondes et de manière spontanée, bébé se calme et les membres reprennent leur position normale.

Pourquoi les nourrissons ont le réflexe de Moro ?

Le réflexe de Moro fait partie de ce que l’on appelle les réflexes primitifs ou archaïques du nouveau-né. C’est un ensemble de réactions automatiques du corps face à un stimulus, aidant les bébés à survivre et à s’adapter à leur environnement immédiat. Voici les plus connus, sachant qu’ils peuvent avoir des appellations légèrement différentes.

Le réflexe de succion déglutition

Lorsque le bébé avale, le réflexe de déglutition est déclenché. Cela implique la fermeture du voile du palais, ce qui empêche le lait de refluer dans le nez, ainsi que le relâchement des muscles du larynx, ce qui permet au nourrisson de respirer pendant qu’il avale.

Le réflexe de succion-déglutition est essentiel chez les nourrissons, car il leur permet de se nourrir efficacement et de satisfaire leurs besoins nutritionnels. Cependant, ce réflexe peut également être utilisé pour apaiser les enfants et les calmer, et cela même s’ils n’ont pas faim.

Le réflexe de préhension

Lorsqu’on touche la paume de la main du bébé, ses doigts se referment automatiquement sur l’objet qui le touche, comme si le bébé tentait de saisir quelque chose. Ce réflexe palmaire involontaire nous ramène loin vers nos origines puisque les petits primates l’utilisent pour s’agripper à leur mère et fuir le danger. Ce sont les prémices incontrôlées de la motricité fine. En effet, ce n’est que vers 3-4 mois que bébé commence à acquérir de nouveaux réflexes et à attraper, cette fois volontairement.

Par équivalence, le réflexe plantaire peut également être éprouvé. La stimulation de la plante des pieds générant une contraction des membres inférieurs.

Le réflexe de ramper et de marche automatique

Le réflexe de ramper ou de reptation, est un mouvement que font les nourrissons lorsqu’ils sont couchés sur le ventre et que leur poitrine touche une surface plane. Le bébé relève ses fesses et commence à bouger ses bras et ses jambes pour se propulser vers l’avant, simulant ainsi le mouvement de reptation. De la même façon, lorsqu’on le soutient sous les bras au-dessus d’une surface plane, il effectue instinctivement des mouvements de marche comme s’il essayait d’avancer.

Le réflexe tonique du cou ou réflexe de l’escrimeur

Dès lors que le nourrisson tourne la tête d’un côté, le bras du même côté se tend alors que l’opposé se plie. Ces réflexes musculaires s’exercent entre 1 et 6 mois, préparant bébé pour sa vie future où il aura besoin de tonus pour attraper des choses intéressantes !

Le réflexe de nage

Lorsqu’un bébé est immergé dans l’eau, il va instinctivement fermer sa bouche et bloquer sa respiration tout en effectuant des mouvements de bras et de jambes pour essayer de nager. Ce réflexe de protection est présent chez le jeune enfant jusqu’à l’âge d’environ 6 mois à 1 ans pour certains bébés. Mais attention, cela ne signifie pas que les nourrissons sont capables de nager en toute sécurité et sans surveillance dans l’eau! Ils doivent toujours être surveillés de près et être maintenus à une distance sécuritaire de l’eau pour éviter tout risque de noyade.

Comment tester le réflexe de Moro ?

Les professionnels de santé testent les réflexes innés de bébé dès la naissance afin de vérifier le développement neurologique. Pour le réflexe de Moro, la puéricultrice ou le pédiatre allonge bébé sur le dos puis glisse leur pouce dans les mains de bébé (sollicitant au passage le réflexe d’agrippement). Le médecin va ensuite soulever le petit corps de quelques centimètres seulement puis le laisser retomber dans le but de créer une sensation de chute.

Les mouvements de réponse du bébé sont observés attentivement. L’extension brusque des bras et des jambes, la rotation de la tête et la rétractation des membres. Le professionnel examine également la symétrie des mouvements, la force des réactions et la rapidité avec laquelle le bébé se calme après le réflexe de Moro. Ce dernier est jugé normal si l’enfant répond aux différents critères qui le définissent.

Absence de réflexe de Moro, est-ce grave ?

Si les premiers réflexes de protection et notamment le réflexe de Moro sont contrôlés immédiatement après la naissance ce n’est pas pour rien, ils sont pour les médecins un indicateur important de l’état de santé du bébé. En effet, et même si c’est extrêmement rare, l’absence, l’anormalité ou une manifestation asymétrique du réflexe de Moro peuvent être un signe d’une hypotonie, de problèmes neurologiques ou de failles dans les étapes du développement moteur du nourrisson.

Il peut s’agir d’un dysfonctionnement dans le système nerveux central, dû à diverses causes. Telles que des lésions cérébrales, une infection, une malformation congénitale, une maladie génétique ou encore dû à une asphyxie grave à la naissance…

Dans certains cas, une absence de réflexe de Moro est le signe précoce de troubles du spectre de l’autisme ou d’autres troubles du développement.

Notons en revanche que ce seul test des mouvements réflexes ne suffit pas à poser un diagnostic, cependant il conduira à des examens complémentaires permettant d’expliquer l’absence de réflexe de Moro et d’assurer une prise en charge rapide et optimale de l’enfant, quels que soient le problème dans le développement du système psychomoteur et sa gravité.

Tout ceci ne doit par ailleurs pas vous pousser à tester vous-même les réflexes de votre bébé, à tort et à travers ! Les examens médicaux périodiques du bébé, les premiers jours et plus largement toute la première année sont autant d’occasions pour les médecins d’éprouver et d’interpréter les différents réflexes de défense archaïques, avec expertise et en toute sécurité.

Comment diminuer le réflexe de Moro ?

Il n’est pas souhaitable d’aller à l’encontre du réflexe de Moro qui fait partie des étapes naturelles et importantes du bon développement de l’enfant. Cependant, il est possible de prendre certaines mesures pour réduire la fréquence de déclenchement du réflexe de Moro, qui peuvent notamment réveiller tout-petit ou l’empêcher de s’endormir.

• Manipulez votre bébé avec précaution : les nouveau-nés sont très sensibles aux mouvements brusques et aux changements rapides de position.
• Pratiquez le portage : il calmera votre bébé et réduira la fréquence du réflexe de Moro. Utilisez une écharpe de portage ou un porte-bébé pour apaiser votre bébé tout contre vous et contenir ses mouvements involontaires.
• Évitez les stimuli bruyants : Ils peuvent déclencher le réflexe de Moro chez un bébé. Maintenez un environnement aussi calme que possible sans stimulations sensorielles.
• Emmaillotez votre bébé : l’emmaillotage dans une couverture adaptée lui donne une sensation de sécurité et de confort qui aide à limiter le réflexe de Moro.
• Bercez le doucement : Les mouvements de balancement, peut aider à calmer votre tout petit.
• Le positionnement : Positionné sur le ventre ou sur le côté peut aider à réduire la réponse du réflexe de Moro, cela permet de maintenir une certaine tension musculaire dans les bras et les jambes du nourrisson.

À quel âge s’arrête le réflexe de Moro ?

Le réflexe de Moro disparaît généralement vers l’âge de 4 à 6 mois avec la maturation du système nerveux central. Il faut savoir qu’une persistance notable du réflexe de Moro peut également indiquer une anomalie dans le développement psychomoteur primaire nécessitant l’évaluation et une intervention appropriée.